La Hongrie perd son droit à des milliards d’euros de financement de l’UE – satisfaction pour les critiques d’Orban

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban refuse de mettre en œuvre les réformes de l’État de droit exigées par l’UE. Cela coûtera désormais cher au pays. Mais l’argent vient désormais d’ailleurs aussi.

La Hongrie a perdu son droit à une aide européenne d’un montant d’environ un milliard d’euros en raison de violations de l’État de droit. Afin de débloquer l’argent, le pays aurait dû mettre en œuvre des réformes d’ici fin 2024, comme l’a confirmé une porte-parole de la Commission européenne à l’agence de presse allemande.

Les fonds confisqués s’élèvent à 1,04 milliard d’euros qui étaient destinés à la Hongrie et provenaient de programmes visant à promouvoir les zones structurellement faibles. Les fonds ont été gelés fin 2022 parce que la Commission européenne est arrivée à la conclusion, après des analyses, que la Hongrie ne respectait pas diverses normes et valeurs fondamentales de l’UE.

23 octobre 2022, Hongrie, Budapest : la garde d’honneur défile devant le bâtiment du Parlement à l’occasion de la fête nationale. Photo : Anna Szilagyi/AP/dpa

– Réformes manquantes : Pour débloquer les fonds, le gouvernement hongrois dirigé par le Premier ministre Viktor Orban aurait dû mettre en œuvre des réformes suffisantes d’ici la fin de l’année. Il s’agit notamment de modifications des lois visant à prévenir les conflits d’intérêts et à lutter contre la corruption.

Les dirigeants de Budapest ont réagi de manière incompréhensible à la perte de fonds. « Le gouvernement hongrois a rempli toutes les conditions pour accéder aux ressources de l’UE », a écrit le ministre de l’Europe Janos Boka sur sa page Facebook avant le début de l’année. « Bruxelles veut retirer les fonds dus à la Hongrie et au peuple hongrois pour des raisons politiques », a-t-il ajouté.

– Il existe un risque de pertes supplémentaires de plusieurs milliards : Les députés ont cependant réagi avec satisfaction. «Orban coûte vraiment très cher aux Hongrois. Ce milliard n’est qu’un début. L’UE montre enfin qu’elle n’acceptera plus tout, depuis le corrompu Orban », a déclaré le politicien des Verts Daniel Freund.

Si la Hongrie continue de ne pas mettre en œuvre des réformes suffisantes, elle risque de perdre des milliards supplémentaires à l’avenir. Selon les règles du mécanisme de l’État de droit de l’UE, en vigueur depuis 2021, les fonds gelés expirent à la fin de la deuxième année civile après celle pour laquelle ils étaient prévus. À la fin de cette année, les fonds prévus pour 2023 expireraient.

Au total, environ 6,3 milliards d’euros du budget communautaire pluriannuel 2021-2027 ont été gelés pour la Hongrie via le mécanisme fin 2022. D’autres milliards de dollars destinés au pays sont bloqués par d’autres réglementations. Selon la Commission, le chiffre le plus récent s’élève à environ 19 milliards d’euros, ce qui correspond à environ un dixième de la production économique annuelle de la Hongrie.

8 juillet 2024, Chine, Pékin : le chef de l’État et du parti chinois Xi Jinping (r) et le Premier ministre hongrois Viktor Orban se saluent avant une réunion à la Maison d’hôtes d’État de Diaoyutai. Photo : Li Xueren/XinHua/dpa

– Prêt d’un milliard de dollars de la Chine comme plan B : Afin de combler les déficits de financement, le Premier ministre populiste de droite hongrois Orban s’est récemment appuyé, entre autres, sur la Chine. En avril, la Hongrie a annulé un prêt d’un milliard d’euros qu’elle avait contracté auprès des banques d’État chinoises. Cela s’est produit discrètement et n’a été révélé qu’en juillet, lorsque le Centre hongrois de la dette publique (AKK) a publié des données clés à ce sujet. Le prêt a donc une durée de trois ans. Le montant des intérêts et les intervalles de remboursement ne sont pas connus.

La Chine est très active en Hongrie. Le constructeur de voitures électriques BYD construit une grande usine à Szeged, dans le sud de la Hongrie, et le fabricant de cellules de batterie Catl construit une méga-usine à Debrecen, dans l’est de la Hongrie. Des entreprises chinoises construisent la nouvelle ligne ferroviaire reliant Budapest à Belgrade, la capitale serbe. Pour la construction du tronçon hongrois, la Hongrie a contracté un emprunt de près de 900 millions d’euros auprès de la banque chinoise Exim.

Malgré l’aide financière chinoise, Orban continue de tenter de débloquer les fonds européens gelés. Début décembre, il a menacé d’opposer son veto au prochain budget septennal de l’UE si Bruxelles ne débloquait pas les fonds européens bloqués. Les négociations sur le prochain budget à long terme de l’UE, de 2028 à 2035, devraient commencer à la mi-2025.

– Bruxelles entre pression et compromis : Ce n’était pas la première fois qu’Orban menaçait de bloquer les décisions centrales de l’UE. Ce n’est que lors du sommet européen de la mi-décembre qu’il a refusé d’accepter la prolongation des sanctions contre la Russie, qui expirent fin janvier. Les diplomates soupçonnaient qu’il souhaitait également extorquer des concessions aux partenaires de l’UE dans d’autres domaines, comme par exemple le déblocage des fonds européens gelés.

En décembre 2023, malgré les critiques persistantes concernant les violations de l’État de droit en Hongrie, la Commission a débloqué un financement européen gelé d’une valeur d’environ dix milliards d’euros pour le pays.

Les députés européens l’avaient critiqué à l’époque et accusaient la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, de s’être laissée faire chanter par la Hongrie. Orban avait précédemment annoncé qu’il bloquerait le début des négociations d’adhésion à l’UE avec l’Ukraine ainsi qu’un programme d’aide de l’UE d’un milliard de dollars pour le pays attaqué par la Russie. (dpa)