L’ancien ministre Reynders accusé de blanchiment d’argent

Des accusations ont été portées contre Didier Reynders, ministre fédéral belge de longue date et ancien commissaire européen, pour blanchiment d’argent et une ou plusieurs autres infractions pénales possibles.

Reynders a été entendu par le juge d’instruction le 16 octobre, comme l’a annoncé mardi un consortium de médias composé de Le Soir, Le Vif, De Standaard et le média d’investigation en ligne Follow The Money.

Bernadette Prignon, juge honoraire à la cour d’appel de Liège, brièvement interrogée sur son mari, n’avait alors pas été inculpée. Le procureur de la République n’a pas souhaité confirmer cette information. Les avocats de Didier Reynders et Bernadette Prignon ont refusé de commenter.

Un acte d’accusation ne supprime pas la présomption d’innocence, mais cela signifie que le juge d’instruction estime qu’il dispose d’indices sérieux de culpabilité. L’acte d’accusation donne également au suspect des droits supplémentaires, comme la possibilité de demander l’accès au dossier.

Reynders, aujourd’hui âgé de 67 ans, longtemps l’une des figures de proue du Parti libéral francophone (MR), aurait acheté dans des points de vente des « e-tickets », c’est-à-dire des bons d’achat d’une valeur comprise entre 1 et 100 euros, transférables sur un compte de jeu détenu par la Loterie nationale. Certains de ces billets de loterie auraient été achetés en espèces et les gains auraient été versés sur le compte numérique de Reynder à la Loterie nationale. Ils ont ensuite été transférés sur son compte courant. Reynders aurait déposé près de 700 000 euros en espèces sur son compte ING entre 2008 et 2018. On ne sait pas exactement où Reynders a obtenu l’argent pour les « billets électroniques ». Il n’y avait initialement aucune information sur les montants précis.

La banque a interrogé son client en 2018 sur ses dépôts réguliers et importants, mais a décidé de ne déclarer ces transactions atypiques à la Ctif, l’autorité anti-blanchiment, qu’en 2023. D’autant que Reynders s’est mis à miser massivement sur les jeux de hasard après les questions de son banquier en 2018, toujours en espèces. Les gains de la loterie ont également été transférés sur le compte ING.

Parce que Reynders a non seulement été ministre belge des Finances et des Affaires étrangères au cours de sa carrière professionnelle, mais également commissaire européen à la Justice, la nouvelle de son inculpation à son encontre a fait sensation non seulement en Belgique, mais aussi dans d’autres pays européens.

Reynders a été commissaire européen à la justice dans le cabinet de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen de 2019 à 2024 et était également responsable de l’État de droit. Le libéral a été ministre belge des Finances de 1999 à 2011 et ministre des Affaires étrangères de 2011 à 2019. Reynders avait également postulé au poste de secrétaire général du Conseil de l’Europe ces dernières années, mais sans succès. Pour ses détracteurs, il était – comme son rival libéral Charles Michel – un « chasseur de poste » notoire. Désormais, la justice le traque.

Un porte-parole de la Commission européenne a déclaré que l’autorité ne disposait d’aucune autre information à ce sujet. « Si les autorités belges nous contactent, nous travaillerons bien entendu avec elles », précise-t-il. (cré/dpa)